mardi 13 mars 2007

Le clivage droite gauche: un handicap majeur face au changement

Dans le contexte de mondialisation dans lequel la France s'inscrit, la perte de temps politique et gouvernemental devient un handicap concurrentiel de plus en plus difficile à endosser. L'alternance telle que présentée par les deux grands partis politiques UMP et PS n'est facteur de progrès que dans un monde morcelé, où les interactions entre les économies restent sous contrôle voire sont entravées : c'était le cas dans le monde des blocs, Est-Ouest et Nord-Sud. Ces blocs ont vécu et depuis le début des années 90 le contrôle des Etats sur les interactions économiques a subi une évolution inversement proportionnelle au développement exponentiel de ces intéractions.
En choisissant les projets politiques proposés par la Gauche ou par la Droite, la France tournerait donc résolument le dos au sens de l'histoire. Sans entrer dans le contenu des politiques de nos voisins allemands et anglais, il convient d'observer qu'ils ont pris une longueur d'avance dans l'abandon du clivage hérité de l'Après-Guerre. Blairisme et Merkelisme sont les deux évolutions pragmatiques de l'abandon de ce clivage.
A ce stade de la campagne, il est intéressant de prendre un peu de recul et de remarquer que Ségolène Royal a eu un temps la perception de cette séquence et qu'elle a souhaité transcender ce clivage. Elle avait d'ailleurs vertement tancé une étudiante l'été dernier qui lui demandait de "se prononcer sur l'importance du clivage droite gauche dans la campagne à venir" estimant la question hors de propos. Rattrapée par le poids de l'appareil et des alliés du PS, elle a du abandonner la voie qu'elle imaginait emprunter et a perdu au passage beaucoup de sa fraicheur de ton. L'année dernière Nicolas Sarkozy a résolument affiché la tentation de la rupture mais au sein d'un clivage droite droite, ce qui est révélateur d'une perception plus qu'erronée du momentum dans lequel la France se situe aujourd'hui. Il a abandonné ce thème de campagne mais son slogan reste "ensemble tout devient possible": de quoi avoir quelques frissons quand sa perception du mot ensemble transparait dans ses paroles et que ses possibles s'incarnent en propositions plus qu'hasardeuses...
Pour ces deux candidats, la solution aux défis dans lesquels la France avance, est vite redevenue limpide, trop limpide! Ils proposent le "toujours plus" plutôt que le "toujours mieux". Il est, en effet, plus simple et plus vendeur de promettre le changement quantitatif que le changement qualitatif. Celui-ci relève du culturel et il ne s'opère pas par décret. Il est, en effet, de l'ordre du changement de regard sur les choses. Le simple fait qu'un changement culturel puisse reposer sur le décret ne génère qu'un peu plus d'immobilisme dans les systèmes humains. Surtout quand, comme en France, l'équipe gouvernementale qui décrète n'a reçu l'assentiment que d'un peu plus de la moitié du corps électoral qui s'est exprimé (bien moins en tenant compte des abstentionnistes). Le 06 mai 2007 les Français ont rendez-vous avec la rupture : la rupture avec la machine à générer de l'immobilisme.

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